Un nouveau travail de recherche auprès des orthophonistes soutenu pour l’obtention du diplôme permettant l’exercice de ce métier relève de l’approche de soin en partenariat avec le patient. C’est Mélanie Jamet, qui a soutenu ce travail à Nantes à la fin de l’exercice 2021-2022. Mélanie proposait à travers ce travail d’explorer le rôle des intervenants pédagogiques et du cadre institutionnel dans les modalités d’intervention de patients dans les Centre de Formation Universitaire d’Orthophonie à travers une méthode mixte couplant entretiens qualitatifs et enquête quantitative.
Voici la conclusion de son travail dont une synthèse devrait être publiée dans un prochain numéro de la revue Le partenariat de soin avec le patient : Analyses
L’objectif de cette étude était de comprendre comment le patient et son savoir expérientiel sur la maladie sont intégrés au sein de la formation initiale en orthophonie. Pour cela nous avons interrogé deux populations via une méthodologie d’enquête mixte qui a permis d’effectuer à la fois un état des lieux de ces interventions, mais aussi de comprendre le rôle du cadre institutionnel. Puisque ces pratiques pédagogiques se démocratisent à l’étranger et en France, il paraît intéressant de poursuivre les précédents travaux qui décrivent une intervention de patients pour situer où en est la formation initiale en orthophonie. Nous constatons en premier lieu que les interventions de patients sont motivées par les formateurs orthophonistes qui choisissent de proposer ces interventions ponctuellement, préférant le faire dans des unités d’enseignement qui concernent la clinique adulte et se tournent pour cela vers leurs propres patients. Les formateurs se saisissent de la liberté pédagogique qui leur est accordée pour dispenser des savoirs théoriques et pratiques ancrés dans le contexte de démocratie sanitaire actuel. Par ailleurs, nous concluons que le patient trouve une reconnaissance encore limitée concernant leur statut au sein de l’institution, car il se heurte à des freins administratifs au niveau universitaire. Ces limitations tendront à disparaître lorsque la culture du patient en tant que partenaire de soin dans l’enseignement sera mieux ancrée.
Notre état des lieux a permis de rendre compte d’une tendance nationale favorable à l’intégration de patients au sein des enseignements, elle est cependant à relativiser car nous nous sommes concentrés uniquement sur deux populations de la pédagogie en orthophonie. L’étude mériterait d’être enrichie par la prise en compte du vécu des étudiants, pour vérifier si ces formats pédagogiques les aident à générer des apprentissages spécifiques. Cette perspective permettrait également de comprendre le nouveau paradigme de la relation professionnel-patient
et de la projeter dans leur vie professionnelle. Par ailleurs, bien que les patients soient au cœur de ce sujet, nous ne les avons pas interrogés directement sur leurs propres motivations et leur vécu lorsqu’ils se trouvent face aux étudiants. Cette dimension paraît pourtant indispensable pour poursuivre l’idée que l’intégration d’un patient-formateur est nécessaire à la formation initiale en orthophonie.